Binance en difficulté ? Simple fud ou tendance plus durable ? Le premier exchange crypto au monde est sous les feux des projecteurs, mais pas de la meilleure des manières. Depuis le mois de juin dernier et l’assaut de la SEC (Securities Exchange Commission), il est devenu persona non gratta dans de nombreuses régions du monde. Repoussé manu militari hors de certains pays, CZ, le patron de Binance, saura-t-il résister à cet ultime assaut des États et se conformer aux régulations à venir ? Tour d’horizon des évènements de ces derniers mois.
Binance attaqué par les USA
Tout a commencé avec Binance.US
C’est une attaque vigoureuse de la SEC, le gendarme financier américain, au moins de juin dernier, qui met le feu aux poudres. Le 6 juin exactement, le régulateur US a annoncé le gel des avoirs de l’exchange Binance.US, la branche américaine de Binance. Celui-ci accuse l’exchange d’avoir redirigé les fonds de ses clients vers des adresses crypto personnelles, à la manière de FTX en son temps. Des accusations graves donc, auxquelles CZ n’a pas tardé à réagir.
Celui-ci a notamment minimisé le vent de panique momentané qui s’est emparé de l’exchange. Les utilisateurs retirant dans un même élan leurs fonds, marqués par l’exemple de FTX. Toutefois, ces retraits se sont finalement avérés minimes en proportion du cataclysme FTX, 392 millions de dollars de retraits contre 7 milliards lors du crash de l’exchange de Sam Bankman-Fried.
Finalement, après plusieurs semaines de négociations, la SEC et Binance sont parvenus à trouver un accord à l’amiable. Pour éviter un gel des actifs de la plateforme, CZ a renoncé à ses accès d’administration de Binance.US.
Des cadres qui quittent le navire ?
Début juillet, les autorité australienne perquisitionnent les locaux de Binance dans le cadre d’une enquête sur les produits dérivés proposés sur l’exchange. Le lendemain, Patrick Hillman, directeur stratégique de la plateforme, annonce son départ. Mais il n’est pas le seul puisque le directeur de la conformité Steven Christie et Han Ng, l’avocat général, ont, eux aussi, fait leurs bagages.
Ce 4 septembre, l’exchange s’est également séparé d’un autre de ses cadres. Il s’agit de Mayur Kamat, directeur de produit et du design.
« Il est temps pour moi de me retirer et de laisser la direction des produits à la prochaine génération de leaders chez Binance. »
Mayur Kamat
Néanmoins, il convient de ne pas tirer de conclusions hâtives, surtout dans une période de bearmarket et une morosité ambiante sujette à ce type de situations complexes.
Pour ajouter un peu d’huile sur le feu, des rumeurs ont enflé mi-juillet concernant une prochaine vague de licenciements au sein de l’exchange. CZ s’apprêtait selon les dires à se séparer de près d’un tiers de ses effectifs. Sachant qu’il aurait déjà licencié environ 1000 de ses employés.
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Binance poussé hors d’Europe ?
Une enquête préliminaire en France
En France d’abord, mi-juin, le Parquet de Paris a initié une enquête préliminaire concernant l’exchange. Et les actes reprochés sont graves :
« D’une part sur des faits d’exercice illégal de la fonction de prestataire de services sur actifs numériques (PSAN), et d’autre part des faits de blanchiment aggravé. »
David Princay, président de Binance France n’a pas tardé à répondre et se voulait rassurant :
« Nous continuons de travailler en étroite collaboration avec les organismes de réglementation et les organismes chargés de l’application de la loi sur toutes les exigences de conformité en cours afin de maintenir des normes élevées. (…) Nous respectons toutes les lois en France, comme nous le faisons sur tous les autres marchés sur lesquels nous opérons. »
Les régulateurs européens boudent Binance
Aux Pays-Bas, Binance a été contraint de stopper ses services après son échec d’enregistrement VASP (Virtual Asset Service Provider), l’équivalent du PSAN en France. L’exchange fait également l’objet d’une procédure de radiation à Chypre.
Trois jours plus tard, Binance a aussi renoncé à s’enregistrer auprès des autorités britanniques. La semaine suivante, c’est la Belgique que l’exchange était contraint de quitter, faute d’agrément adéquat pour opérer.
Fin juin, l’Allemagne tournait à son tour le dos à l’exchange. Binance s’est en effet vu refuser sa licence par le régulateur. Les exigences du BaFin, l’autorité fédérale de supervision financière, seraient selon les équipes de Binance bien trop strictes en l’état. Néanmoins, des discussions seraient toujours en cours afin de trouver un compromis.
Paysafe Payment Solutions jette l’éponge
Si vous avez déjà effectué un virement SEPA vers Binance, vous connaissez forcément Paysafe Payment Solution. Il s’agit de l’intermédiaire bancaire qui permet notamment de virer gratuitement vos euros depuis votre compte en banque vers Binance. Fin juin, nous avons appris que celui-ci coupait les ponts avec l’exchange. Il mettra fin à son service à partir du 25 septembre prochain.
Toutefois, pas de panique, les équipes de Binance ont rapidement communiqué :
« Binance va changer de fournisseur pour les dépôts et retraits en EUR par virement bancaire (SEPA) »
Binance à la lutte pour retrouver sa place en Europe ?
Ayant plus d’un tour dans son sac, l’exchange est revenu à la charge fin août, arborant fièrement une licence VASP polonaise nouvellement acquise. En effet, une licence valable dans un pays membre de l’UE l’est aussi dans tous les autres pays. La licence obtenue par Binance à Varsovie s’applique donc aux autres pays de l’UE, lui permettant de proposer de nouveaux ses services aux citoyens européens.
L’autorité des services et marchés financiers (FSMA) en Belgique s’est exprimée sur l’opération. Elle a notamment tenu à informer ses citoyens sur les risques associés à la plateforme.
Quid de la Russie ?
Pour couronner le tout, Binance est épinglé pour son service peer-to-peer proposé aux banques russes, sous le coup de sanctions internationales suite à l’invasion de l’Ukraine. De fait, Binance transgresserait l’embargo des USA contre la Russie.
Les équipes de Binance se sont exprimées sur le sujet et ont indiqué que toutes les options étaient sur la table, jusqu’à l’éventualité d’un retrait total du pays.
Les conséquences de cette altercation n’ont pas trainé. Le 6 septembre, deux dirigeants de Binance en Russie annonçaient leur départ du groupe.
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Binance prospère-t-il dans le reste du monde ?
Mastercard met les voiles à son tour
Est-ce la fin de la fameuse carte bancaire Binance, la Binance Card, et de son fameux cashback ? Le 22 septembre prochain, le service sera retiré en Argentine, au Brésil, en Colombie et au Bahrein. D’autres régions devraient suivre, car sur son compte Twitter, Binance aurait annoncé :
« La Binance Card ne sera plus disponible pour les utilisateurs d’Amérique Latine et du Moyen-Orient. »
Toutefois, le nombre de personnes concernées représenterait qu’une infime portion des utilisateurs de la carte, moins de 1 % selon les dires de l’exchange.
Binance poursuit son incursion en Amérique du Sud
Binance ne se laisse toutefois pas démoraliser par ces difficultés et continue ses tentatives de disruption des banques. Et plus particulièrement là où il y a de la demande : dans les pays où l’inflation et les soucis monétaires sont légion.
L’exchange a notamment dévoilé son nouveau service : Send Cash. Un moyen d’envoyer de la crypto vers un compte bancaire à petit prix et de façon instantanée. Vous avez bien lu : de la crypto vers un compte bancaire. L’idée est simple : favoriser l’inclusion financière et permettant des paiements quotidiens.
Pour l’instant sont concernés par le service la Colombie, le Honduras, le Guatemala, l’Argentine, le Costa Rica, le Paraguay, la République dominicaine, le Panama et le Mexique.
Retour en force au Moyen Orient et en Asie ?
Fin juillet, Binance annonçait avoir reçu la licence nécessaire pour proposer ses services crypto à Dubaï. Du moins, pour les investisseurs institutionnels.
Au Japon, Binance prévoit de lister 34 nouveaux tokens, dont sa crypto maison, le BNB. Ce qui réjouissait son CEO, Changpeng Zhao (CZ).
« C’est fantastique de voir le Japon en tant que leader au sein l’environnement réglementaire lié au web 3. Le Japon possède une réglementation très claire depuis 2017 concernant les exchanges crypto. »
CZ, CEO de Binance
La Chine, entre autorisation et interdiction
Malgré son interdiction, les activités de Binance se porteraient toujours comme un charme dans le pays de Xi Jinping. Mieux que ça, la Chine représenterait tout bonnement le premier marché de la plateforme en termes de volumes. Les investisseurs chinois seraient en effet responsables de 90 milliards de dollars de volumes sur les 670 au total qu’a enregistré Binance au mois de mai dernier.
Malgré les revers, CZ conserve son optimiste. Il s’appuie sur des chiffres marquants pour mettre en exergue l’évolution de l’exchange à l’international :
« Binance Japon est lancé officiellement, une nouvelle licence financière à Dubaï et premier exchange à l’obtenir, deux nouveaux Launchpools sur la plateforme et surtout la barre des 150 millions d’utilisateurs franchie. On continue à construire. »
Et au Salvador pour finir en beauté ?
Toute cette actualité tumultueuse n’a pas empêché Binance, début août, de devenir le premier exchange régulé de ce petit pays d’Amérique centrale.
« Binance est maintenant le premier échange crypto entièrement sous licence au Salvador ! (…) Binance a des approbations et des enregistrements sur 18 marchés dans le monde, plus que tout autre échange crypto, y compris la France, l’Italie, l’Espagne, la Suède et Dubaï. »
Si la situation est certes difficile en Europe, la plateforme reste bien présente. L’exchange semblerait recentrer ses activités sur certains pays bien précis comme la France ou l’Espagne. Il s’agit pour les équipes de répondre en premier lieu aux exigences de conformité de ces pays. Afin, par la suite, de redorer leur blason auprès des autres États membres de la zone euro.
Espérons que cela permette au capitaine CZ de redresser la barre du bateau Binance. Toutes ces altercations avec les différentes régulations des pays ont tout de même eu un impact. L’exchange continue de perdre du terrain sur la concurrence. Il représente désormais 38 % des parts du marché.
À travers ce petit tour du monde, nous nous apercevons aisément que tout n’est pas tout blanc ou tout noir pour Binance. La crypto entre dans une phase critique, préalable à l’adoption mainstream : celle de la régulation. Et, bien évidement, durant cette transition, les exchanges sont au cœur de toutes les attentions, surtout après l’incident FTX. Néanmoins, la plateforme Binance dispose de moyens impressionnants qui lui permettront peut-être, sauf incidents, de parvenir enfin à se conformer aux réglementations strictes en cours d’implémentation.
Anticipez les réglementations à venir en choisissant une plateforme PSAN déjà enregistrée auprès de l’AMF. Pour acheter vos cryptomonnaies, inscrivez-vous vite sur la plateforme Binance. Économisez 10 % sur vos frais de trading en suivant ce lien (lien commercial).
Author: Travis Jones
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